Langueurs d’onde

 

 

Le rêve décolle, sur des murs de brique rouge et fascistes, les affiches dépeignant la réalité mortifère des idées en tête de gondole dans le hall des chauves d’une République à bananer.

Le dissolvant qu’applique mon âme en manque de légèreté sur leur campagne pour un pouvoir absolu, me monte tout de même au nez, tout comme leur sauvagerie s’apprêtant à nouveau pour le futur.

En garde ! L’esprit critique ferme et sanguinolent !

Toute guerre baigne dans le sang, et les blessures guérissent dans le sommeil paradoxal.

Le rêve décolle.

 

 

 

   Harnaché à une pièce de métal détachée d’une épave millénaire, comme une étoile arrachée à son orbite je file hors du temps. Je baigne dans le tube cathodique d’une thérapie géniale, et déjà mes chromes ozone ont dépassé le suc de l’atmosphère et le diabète du lustre social.

Ebahis devant le vide enfin comblé, mes yeux me reviennent et mes regards, fugaces, retrouvent leur vivacité d’antan lorsqu’ils ne prenaient la peine de ne s’arrêter que sur ce qui convainc l’instant. Pupilles instinctives et iris narratifs telles sont les craies grasses natives au bout de mes doigts pour tracer mes propres couleurs dans l’espace de Canson noir.

Rêveurs, espèce en voie de disparition depuis l’obscurité des temps civilisés pourtant je rencontre mes semblables chaque nuit à la croisée des confraternités éperdues, au-delà des ciels connus.

Sur mon navire de fortune, chanceux parmi les étoiles que la mémoire n’appesantit plus et Einstein qui n’existe pas,  je fais parfois les cent pas lorsque je remonte le vice sans fin de la boucle temporelle d’un vieux monde, d’une vieille planète. Je remercie alors la science en observant par le hublot brisé mes vieilles amours en cage de Faraday dans l’impossibilité de déployer leurs communications maladives. Dans mes rêves les plus sournois je les rencontre souvent celles que ma curiosité malsaine laissait s’exprimer en me figeant les mandibules. Jamais un clap de fin ma langue n’a lapé, avant que la mangouste ne découvre définitivement que j’étais le venin, son serpent. Elles sont là mes Vénus dans la vase, dégringolant l’espace à la poursuite des spores vivaces dans mon sillon qui s’efface. Et l’étang si fond, les temps siphon, font font.

Je rêve aussi de rage, d’être le dernier sauvage sur la grève, mon oreiller crevé par des perles de sueur le prouve au matin, avant mes yeux noirs surpris hors cadre dans le miroir assénant.

Sur le pont de mon paquebot tout foutu en plein jour, mon âme déglinguée se joue du réel en attendant la nuit. Pour de faux les rêves sont dans le vrai. Sondant l’ivraie de ce monde assourdissant j’ai tendance à vieillir dans un silo caché du grand public instable, moribond et cracheur de feu.

Dans la nuit noire, sans le son je vogue en quête d’un système lunaire. Mais isolé du monde et de ses attroupements, on attire les folles dans son mausolée. Paradoxe létal.

Et les fous zélés par leur doxa s’étalent devant toutes vos issues, comme l’air vicié suffocant qui vous avale rendant la rixe inévitable.

Alors le rêve, acharné telle une pile au mercure jetée dans la poubelle des cartons recyclables.

Alors le rêve, décharné par la traversée d’un champ de mines mais qui jusqu’au bout ne se laissera pas abattre, à moins d’être mort et vidé une bonne fois pour toute de son essence subatomique.

Le rêve, par nature est grandiloquent. Et la nature respecte les grandiloquents, en leur donnant autant de chances de survie que leur aveuglement provoque de courage.

Je poursuis mon voyage, aux confins du silence. Gribouilleur de rêves.

Les étoiles sont des points de lumière et non des étoiles.

Les couleurs pastels sont une vue de l’esprit.

Lancé sur ma courbe atemporelle j’ai des visions à heures fixes.

 

Dans l’infini où je dérive, dans le fond tu prends la forme d’un nouvel espace. Comme une jeune étoile repue tu reviens sur le devant de ma scène, et qu’en dira-t-on ?

J’ai menti, je m’arrête parfois sur mon passé lorsque je voyage dans le temps.

Comme une louve tu me tends ton cou. Et le loup-garou cherra ?

Si la boucle est sans fin, es-tu son anomalie ?

J’ai rêvé depuis mon épave millénaire, de ton étoile acharnée ?

Je l’ai cherchée dans la nuit des jours, et des jours entiers ont été mes nuits.

A ma proue tout est fourbu, parfois j’écoute même Léo Ferré

Sans le soleil on n’y arrivera pas, surtout sans ton accord de principe

Pour les participes je me suis fait à l’idée qu’une femme s’est faite à l’idée.

 

Nos rêves sont rattrapés par leur réalité. Je devrais fermer les yeux, mais à chaque fois que j’ai essayé mon manque d’imagination était là, vide comme le sens d’exister, et le rêve se fermait comme un huit dans l’horizon. Dans l’infini où je dérive.

 

 

 

 

A la fin le réveil recolle à la réalité, sur des murs de brique rouge et fascistes, les affiches dépeignant la réalité mortifère des idées en tête de gondole dans le hall des chauves d’une République à bananer.

Le dissolvant qu’applique mon âme en manque de légèreté sur leur campagne pour un pouvoir absolu, me monte tout de même au nez, tout comme leur sauvagerie s’apprêtant à nouveau pour le futur.

En garde ! L’esprit critique ferme et sanguinolent !

Toute guerre baigne dans le sang, et les blessures s’endorment dans un sommeil paradoxal.

A la fin le rêve recolle l’affiche de la réalité.

 

 

Cribas 29 .03.2025

 

 

Ce contenu a été publié dans Poésie. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à Langueurs d’onde

  1. Fée d'hiver dit :

    Ratures, griffures.
    Ca me rappelle quelque chose.
    Je le mets là, j’aurai pu le mettre ailleurs.
    Rien à voir, mais un peu.

    *
    La liseuse de bonne aventure
    Écoute la divineresse
    Les sillons… Hiéroglyphes de nos existences
    Et au milieu, demain
    Les creux, les plis, la veine.
    Et au milieu, des mains.
    Voyages au bout de la lune, palais endormis, roses éternelles, compagnons lumineux, ténèbres enivrantes
    Lire entre les lignes
    La peau palimpseste
    Des histoires et des comptes
    Des épopées fantastiques
    Les creux, les plis, la veine.
    Effacer, reprendre, réécrire encore
    Ratures, griffures, retouches
    Du plus petit au plus grand
    Savoir garder
    Retenir
    Et sentir à nouveau
    Toucher
    Souffler
    Sur les peaux
    Endormies
    Écrivons. Toujours.
    C’est notre sang

  2. @ude dit :

    Parade de printemps qui sous la farandole des adjectifs cache bien son Poète 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *