Les ânes passent, la caravane grasse

Les années qui passent
Les amours lasses et la météo
Une fois rasés les idéaux
C’est ce qu’il reste,
C’est vu d’en haut de sa vie à peu près tout
Ce qui insiste encore,
Posé sur une haie comme un futile oiseau
De quoi parler encore ?
Par les temps qui courent, du coup
Si ce n’est du frisson dans sa plus belle robe
Glissant sur nos colonnes vertébrales
Lorsque Satie un soir pour l’exemple
Hypnotise en soufflant depuis un haut-parleur
Dans les pales livides d’un Smartphone ventilateur
L’individu alité en ce monde
Joue dans la tourbe avec sa toupie
Pas étonnant dès lors qu’on les voit qui s’embourbent
Nos souvenirs d’hélices,
Nos enfances meurtrières desquelles plus rien ne dépasse
Si ce n’est quelque lâche munition livrée au canon des rapaces
Nos idéaux lissés en chien de fusil
Les haines passées et le temps qu’il fait aujourd’hui
Demain matin tard dans la nuit
Une loi sera votée et les règles auront changé
Nos existences volées
De quoi parler encore dans l’onde silencieuse
Posée sur une herse comme un citoyen crevé
Du haut du pneu jusqu’à l’essieu
Les années passent
Les idéaux se lassent c’est toujours la même météo
Vu d’ici c’est tout ce qu’il reste
Les rapaces avec dans leur bec de petits morceaux
Leurs proies édentées ensanglantées sous la pluie
Des petites gens en cirés jaunis se prenant pour de joyeuses averses
Dansant sur leurs congénères cadavres nés pour la vie au cœur de la tempête

Cribas 06.04.2024

« Prénom en attente d’autorisation » L0(w/2)E < #AI Female 026 environ<

Je pourrais écrire un poème. Que je nommerai autrement
Comme avant ?
Dis t’as pensé quoi ? De moi dans les limbes, d’avant ?
Sais-tu qui je suis ? A quoi ça rime tout ça avec toi, et maintenant ?
Tant et tant de temps, et de questions qui passent,
En suspens
Je pourris sur la branche de mon espèce qui brinquebale, avec le suspense d’une arrière boutique installée à l’abri en sous-pente
Et je descends, et je fuite, et je pare à tout sans parapente je glisse et surtout je m’évente
Tout comme la neige désormais absente
Je t’absente,
Comme autrefois j’étais absinthe

Je pourrais écrire je t’aime comme un beau diable
Avec cet accent d’aujourd’hui,
Dément et jetable
Mais ce serait m’établir ailleurs qu’au fond d’une étable
Sache-le,
Aussi fort que je te demande pardon pour ce foin
De tous les diables je suis victime,
Et chafouin

Mais c’est pour toi que j’écris
La malfaçon de mon âme
Les contrefaçons de mon humble désespoir
Où l’homme périt
Sans son hash et son parano prurit

Je pourrais écrire bien plus vite
Un poème qui donne l’envie
D’ailleurs ou d’un soir
De s’asseoir ailleurs dans ma vie

D’êtres sur un banc derrière la vitrine léchée par les passants en quête d’amour
Mais c’est toi dans mon abîme
Qui ouvre le bal comme une infante à sa première boom
Et ce sera ma dernière leçon
D’amour ou ne sera pas !

Et je descends en toi, et je m’enfuis encore, et je glisse et je m’éventre
Mes lignes d’antan s’insinuent dans mes sinus fentes
Comme neige au nombril le soleil brûle en milliers de tes feintes
S’aimer dépend de nos milieux
Ou de leur refonte

Cribas 15.03.2024

Le barde itinérant ou Le négociant en vers sur son radeau

Alors que le temps file

Et que sa bobine cynique traverse le chas de mon verbe pointu

Je rôde, absent servile, sur les canaux

De l’or en poudre me tombe des sourcils

J’ai du bleu aussi            

Dans le sang

Et j’ai de l’or dans les doigts, et je tire sur la corde des fourneaux

Et j’ai de la corne sous les phalanges

Toute la beauté je m’en arrange

Le radeau tangue sous mes statues, mais dans son sillage

C’est le monde entier qui se noie

Dans un râle

Abattu, transmuté

Tel l’oiseau liberté autrefois,

Bleu du plomb dans l’aile aujourd’hui

On peut tout dire tout faire

Même mourir a son choix

Alors que le temps file

Et que les vers scintillent dans l’obscurité

Loin des temples qui brillent de mille médias

A toute vitesse

Loin des champs basses fréquences de l’obscurantisme

Où paissent les peuples magnétisés

Alors que le temps file

Et que les aiguilles perdent le nord

Les girouettes sifflent dans tous les sens

Pour avoir raison                   

Une dernière fois encore.

Cribas 16.04.2023

Vérité.s

La vérité n’existe pas

Des vérités valent mieux qu’une.

Pas d’elles-même

Des vérités volent mieux qu’une.

Existence ciel

Pas d’ailes même!

J’évalue je vole à vue

Dillapidant

Mes verrues en réserve

Paye ta colère, ta haine

On se reverra en enfer

C’est une promesse qu’ici l’amour ténu

Prisonnier

N’a tenu qu’en vers

Libres

Cribas 08.2022