Terrain Vague

 

Je me suis dit comme ça

Que j’allais recoder mon héroïne

Mais au final

On ne décode jamais rien vraiment

Sans vitamine

C’est le mépris qu’on a pour la mort

Et que je m’injecte ou non

Des sels

C’est toujours le même mépris

Que j’ai pour la vie

Oh non aucune grande phrase

Aucune idée d’aucun chef d’œuvre

Ne m’oublie dans un coin

Me cultive un jardin

On élève la mort tout du long

Et ce qui tout importe

Est tant et tant

Inutile autant que les concepts

Et les systèmes de pensée

La différence c’est la non peur du vide

L’annihilation du langage

Et des communications diverses

Et pourtant même les taiseux

Sont des muets mutants

Des alanguis conceptualisés

Ça parle ou pas

De peinture et de littérature

De guerre et d’économie

D’enfants sages et d’avenir

De gâchis monumental

Surtout ça frise

Le ridicule solidifié

La lucidité masteurisée

Je m’étais dit comme ça

Que j’allais recoder ma race

Mes gènes dans mon sous rang

Même dans les drogues pourtant

Je me suis vu tamponné

Vu à la télé

C’est votre mépris pour la vie

Dans votre nature

Rien à voir avec la sélection naturelle

Naître aux portes du temple

Et y périr sans un seul regard pétillant

Parfois sort un gueux

De l’âpre monde

On lui apprend la diction

On en fait un pignon sur rue

Ainsi la médiocrité générale est rassurée

Chacun retourne à la sienne

Les torchons avec les cochons et les tirelires

Et la gueusaille à la machine

Essuie son front de sueur

Dans une serviette triple A truquée

Il faut être sans code, déconnecté

A vendre, sans âme, à recoder

Pour continuer à décoder

Sur les thorax autour des cous

Ce petit panneau visible et gêné:

A vivre.

Dans tous les sens,

Par le biais de tous les cryptages

Et autres profilages,

Je sens j’entends je touche

La même essence

Le fond de l’âme inutile

Où n’existe pas l’humanité.

Le terrain vague est en vente aux plus offrants

Depuis l’éternité.

On deale des offrandes

Et autres liqueurs

Comme on oublie à la vitesse du progrès

Même les ruines ont besoin de fondations

Qui cherche trouve

Je n’observe qu’un terrain vague inconstructible.

Oh non aucune grande phrase

Aucune idée d’aucun chef d’œuvre

Ne changera la nature du cœur

Sol aride.

Le terrain vague est un plan lisse imperméable

Où glisse et s’amuse drôlement l’âme

Ce chien errant invisible que les poètes et les incapables

Dessinent au lieu de pendre les femmes.

Cribas 30.09.2012

 

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