Vois le sel qu’on n’empêche plus de se déverser sur les plaies. Vois l’humiliation que l’humain répand sans fin sur ses frères. Chaque homme est une scène, chaque femme un théâtre. Entends les trois coups du brigadier martelant les âmes. Vois le rideau tombant, et qui musèle les paroles véritables.
Au début était le fourbe. Puis vinrent les inventions résultant d’un imaginaire en proie au réel.
L’amitié, l’amour, l’héroïsme, l’honneur, autant de vieilles lunes cyniques pour un être si minuscule ne pouvaient mener avec certitude qu’à la déception concrète, de sa quête d’idéal.
Car au soleil, brunis ! Dans l’océan, nage ! Cours sur la terre ! A Rome comme les romains !
Et dans le monde, comme Lucifer, ne te prosterne pas !
Va au devant avec tes armes, qu’elles soient d’encre, de salive ou de feu. Aucune idéologie n’est en droit de te convaincre. Les concepts sortant des têtes, errent en quête de vide. Sois gonflé de toi-même. L’autre n’est qu’un ombrage, écartant le soleil de la seule folie viable qu’est ton univers impropre à la consternation.
Si la noirceur est ton biais de simulation, écrase d’un pas lourd, et sûr, les rubans multicolores ondulant de fleurs prêtes à s’envoler pour virevolter autour de la trame des chemins.
Ce qui ne s’écarte pas du précipice, au long cours des siècles occidentaux, c’est la main de ton frère, et l’ongle de ta sœur appuyant pour s’enfoncer dans le creux de tes épaules.
Mais si le jour est ta lumière, alors repose ton cœur dans la nuit.
Il faut se préparer à la guerre de chaque journée, en faisant chaque soir son lit des cendres de la précédente.
La relation entre les humains est un volcan à jamais en activité, et chacun d’entre nous doit dévier de l’ébullition magmatique du mystère issu des entrailles de l’altérité. Dans chaque coulée de l’existence il y a une énigme qui, soit s’abîmera dans le profond oubli sur le lit des océans, soit s’érigera en une ambitieuse montagne.
Vois le sel qu’on n’empêche plus de se déverser sur les plaies. Vois l’humiliation. Observe l’ignorance humaine des ambitieux, des audacieuses.
Il n’est pas de route plus sinueuse que l’autoroute qui s’impose.
Et même si le temps est court lorsqu’il s’arrête, aucun raccourci ne permet de recommencer. Tout se termine avec ce que l’on est.
Cribas 20.08.2024