Elle n’a d’yeux bleus je sens
Que pour moi
Et je n’ai de vers je sais – deux verges c’est –
Que -queue- pour elle
J’essaierai d’être solide
Même vieux
Tel le bois d’un cèdre bleu
J’espère la précéder
Sur la page sombre que le passé encombre
Là où la poésie continue seule à vivre
Elle vient au milieu de la nuit
S’invite aussi au creux de mes jours
Au détour d’un secret
D’un instant de silence
Je l’ai rarement vue pleurer
Et son sourire à la vie
N’est plus qu’un las, et lointain souvenir
Lorsqu’elle s’imbibe de mes amours déchues
Décérébrées, soucieuses involontaires
Je la vois pourtant qui vacille
Parfois même, comme la porte d’un cimetière encore en vie
Je l’entends couiner sa souffrance à chaque mot qui passe.
Elle mérite bien un poème à l’eau de rose – malodorant –
Celle qui sans broncher
Supporte la friction entre la page blanche et l’affliction de mes névroses
Vit sans miroir, sans égo et sans confort
Dans la main droite d’un poète fauché
Son existence de plus en plus vertueuse
Faite de caresses rugueuses,
Et de suffocations répétées à l’infini
Comme si elle se noyait dans un océan d’encriers
Emplis d’une encre mortuaire
Loin des fastes du repos,
Et loin du port encore
Derrière lequel, scintille une ville
Aux ordres intimes de la nuit.
Cribas 08.05.2013