Message reçu en attente: Fort éclair

 

 

Le présent m’extermine. Mais il y a pire. Un jour viendra et ce jour verra ma mort. Puis la nuit de ce jour viendra. Puis un autre jour encore, puis une seconde nuit. Et déjà, alors qu’en premier j’aurai cessé de compter, plus personne ne comptera pour moi. Je n’aurai(s) certainement pas compté.

Le présent m’extermine, mais le passé, lui, m’a déjà annihilé.

Le temps qui s’écoule sur l’homme est un choix. D’une malédiction ou d’un sacerdoce j’ai choisi le sacerdoce. On me déteste, ou on me comprend. Lorsqu’on me comprend on rit avec moi.

J’aime rire de ma mort qui approche, et cela depuis toujours. Le savoir est intelligible, avant d’être intelligent.

La connaissance quant à elle, est dogmatique. Avant d’être assourdissante.

N’étant ni connu, ni reconnu, ni personne et surtout, rien du tout, je suis libre avant tout.

La liberté est la plus grande sagesse que l’homme est en capacité de s’octroyer. La liberté c’est le chien.

C’est la plaie du chien. Elle se lèche en silence, tout seul dans un coin du monde. Et ce monde existe partout où l’on existe soi-même. Comme l’abri introuvable existe au milieu de la forêt.

J’aime les gens. Et ça ne se voit pas. Les gens détestent qu’on les aime de but en blanc. J’aime le gris car je sais tout sur le noir et le blanc. Le mensonge déteste la vérité car tous deux se ressemblent et ignorent le mitigeur. La gauche a dix doigts et la droite a deux mains. L’homme a un cœur et la femme deux ventricules. La vérité érige et le mensonge voltige. J’aime la grisaille. Je louche sur les litiges. Avec l’âge qui avance ses arguments, mon seul courage devient la lâcheté bienveillante. La lâcheté est la forme supérieure de la sagesse, cette connaissance profonde des singeries. Comment mettre en garde un chimpanzé ignorant qui, assoiffé, se jette la tête la première dans la cuvette des toilettes ?

Il y a des choses sérieuses en ce monde. J’ai parfois besoin de garder mes amis intacts, alors je commence à observer ces choses en silence.

Ma dernière compagne avait peur de ses incompréhensions, et comme un papillon elle s’est envolée lorsque j’ai levé la main brusquement, pour l’interroger sur mes propres incompréhensions.

Mon énergie créatrice m’a atomisé auprès d’elle. J’aurais préféré qu’elle m’intronise dans son monde explosé.

J’ai jamais trouvé le fil rouge de cette vieille bombe perdue dans mon champ de mines.

Le présent m’extermine.

Mais il y a pire.

Un jour viendra mon dernier sourire forcé.

Et je n’oublierai pas de ressentir l’électrocution d’un sourire à la commissure des lèvres : «  La vie est belle »

L’aigre douceur filant sur la bave en fin de vie est certainement une jouissance à rebours, quoiqu’on en sache.

Si la vie entière est un poème sournois, que se cache-t-il dans le culot d’une bonne bouteille versant son dernier verre ? Suspension…

Le présent avenir m’extermine. Mais il y a pire. Un jour feulera sur le sort un trou de souris. Elle est passée par ici, ta vie.

Ce poème est pour toi, mon affinité mâle, mon infinitésimale amie.

Ton futur m’extermine.

 

 

 

Cribas 14.09.2024

 

 

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