Les ânes passent, la caravane grasse

Les années qui passent
Les amours lasses et la météo
Une fois rasés les idéaux
C’est ce qu’il reste,
C’est vu d’en haut de sa vie à peu près tout
Ce qui insiste encore,
Posé sur une haie comme un futile oiseau
De quoi parler encore ?
Par les temps qui courent, du coup
Si ce n’est du frisson dans sa plus belle robe
Glissant sur nos colonnes vertébrales
Lorsque Satie un soir pour l’exemple
Hypnotise en soufflant depuis un haut-parleur
Dans les pales livides d’un Smartphone ventilateur
L’individu alité en ce monde
Joue dans la tourbe avec sa toupie
Pas étonnant dès lors qu’on les voit qui s’embourbent
Nos souvenirs d’hélices,
Nos enfances meurtrières desquelles plus rien ne dépasse
Si ce n’est quelque lâche munition livrée au canon des rapaces
Nos idéaux lissés en chien de fusil
Les haines passées et le temps qu’il fait aujourd’hui
Demain matin tard dans la nuit
Une loi sera votée et les règles auront changé
Nos existences volées
De quoi parler encore dans l’onde silencieuse
Posée sur une herse comme un citoyen crevé
Du haut du pneu jusqu’à l’essieu
Les années passent
Les idéaux se lassent c’est toujours la même météo
Vu d’ici c’est tout ce qu’il reste
Les rapaces avec dans leur bec de petits morceaux
Leurs proies édentées ensanglantées sous la pluie
Des petites gens en cirés jaunis se prenant pour de joyeuses averses
Dansant sur leurs congénères cadavres nés pour la vie au cœur de la tempête

Cribas 06.04.2024